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Asnières
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U
n petit joyau qu’il faut préserver. L’orgue de l’église Sainte-
Geneviève d’Asnières va afficher ses 121 printemps le
30 janvier prochain. Cet instrument a été
construit par John et Eugène Abbey, dont
la réputation était très grande à l’époque.
Les frères Abbey ont ainsi équipé les
cathédrales d’Amiens, de Versailles, de
Bayeux, de Chartres et de Châlons-en-
Champagne, à la fin du XIX
e
siècle.
L’histoire des orgues Abbey est une saga
familiale. John-York Abbey, né en 1785 à
Wilton, en Angleterre, est un jeune ap-
prenti dans les ateliers David puis Russel
de Londres, lorsqu’il rencontre un facteur
d’orgue français, Sébastien Erard. Il dé-
cide de le suivre à Paris, en 1825, empor-
tant dans ses bagages un système
de soufflerie révolutionnaire.
Les f ils Abbey
Fort de son talent, John-York Ab-
bey décide de voler de ses propres
ailes et de monter son entreprise
en 1830, à Paris, pour ensuite
installer ses ateliers au Chesnay
puis à Versailles. Le constructeur
connaît une période faste qui se
termine en 1849 par une… faillite.
Et c’est la paroisse de Versailles
qui vole à son secours pour lui per-
mettre de poursuivre l’activité.
L’entreprise est reprise par ses deux
fils, à sa mort en 1859. Eugène et
John-Albert n’ont à l’époque que 19
et 16 ans. Malgré leur jeune âge, les
deux frères réussissent à redresser
la société familiale. À la mort de son
frère, John dirige seul l’entreprise
qui connaît alors son apogée. C’est à
ce moment-là qu’est installé l’orgue
de l’église Sainte-Geneviève. Il sera
inauguré en 1894. Le curé de la paroisse était alors l’abbé
Félix Sédilot.
Outre les orgues liturgiques, l’entreprise Abbey va développer
une série qui sera installée dans les salles de cinéma, alors
en plein développement. Un orgue Abbey équi-
pera ainsi le cinéma Le Louxor, en face du métro
Barbès. La société va péricliter au début du XX
e
siècle, victime notamment de la loi de séparation
de l’Église et de l’État en 1905, puis de la guerre
14/18. John-Albert Abbey décède en 1930 et son
fils John-Marie, qui l’avait rejoint, meurt l’année
suivante. L’entreprise ferme définitivement ses
portes en 1931.
Une souscription
Bon nombre des productions des ateliers Abbey
ont survécu jusqu’à nos jours. C’est le cas de
l’orgue d’Asnières qui, en 1961, béné-
ficiera de l’électrification des claviers
réalisée par le facteur Jean Hermann.
Une deuxième intervention aura lieu
en 1994 par le facteur Jean-Marc Cic-
chero, pour remplacer des pièces en-
dommagées. Mais vingt ans après ces
travaux, même si des concerts orga-
nisés par la paroisse et par Hélène Le
Cointre-Severin, son organiste titulaire,
se tiennent régulièrement, l’instrument
se dégrade. Il nécessite un démontage
complet, une réfection de toutes les
parties en peau, le remplacement
du moteur, l’ajout de quelques nou-
veaux jeux, etc. Des travaux coû-
teux. Aussi, l’association, dont la
vocation est de se joindre à la Ville
pour réunir les fonds nécessaires
à la restauration de l’instrument,
a lancé une souscription publique
qui a déjà collecté plus de 20 000
euros de dons. Mais il en faudrait
bien plus. À votre bon cœur…
+ d’infos
Les chèques sont à établir à l'ordre
de l'Association Les Amis de l'Orgue de Sainte-Geneviève, 4, rue
du Cardinal Verdier -
http://aborgue.perso.sfr.fr,01 47 93 10 46
L’orgue de Sainte-Geneviève est un instrument construit par les frères
Abbey, qui ont réalisé les orgues de nombreuses cathédrales françaises
au XIX
e
siècle. Ce patrimoine a besoin d’une vraie restauration.
L’orgue de Sainte-Geneviève
a besoin d’une restauration
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Patrimoine
Texte : A. Le Roux
Photos : Christophe Perrucon




