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Partie 3 >

Les chantiers et autres travaux

du colloque sont publiés dans le numéro

spécial de la revue

Lamy Droit de l’Imma-

tériel

de juillet 2013, et seront disponibles

sur le site Internet de l’Hadopi. Le colloque

a par ailleurs fait l’objet d’articles dans les

revues juridiques la

Semaine juridique

et

Légipresse

.

Le public du colloque (250 participants se

sont répartis sur la journée), était majori-

tairement composé de professionnels tels

que des représentants des institutions, des

ayants droit, des fournisseurs d’accès à

Internet, des fournisseurs de contenus en

ligne et des professionnels du droit, dont

de nombreux avocats.

Conformément au thème choisi,

« L’effec-

tivité des exceptions au droit d’auteur et

aux droits voisins : les usages, la loi, la

régulation »

, la matinée a été dédiée aux

limitations à l’effectivité des exceptions et

l’après-midi à la question de la nécessité

d’une régulation des exceptions.

Plusieurs interventions ont ainsi été consa-

crées aux limitations à l’effectivité des

exceptions (limitations techniques, limita-

tions contractuelles, jurisprudentielles ou

encore territoriales) et une présentation sur

l’approche économique des exceptions a

conclu la matinée.

Les allocutions sur la régulation des excep-

tions ont ensuite traité de l’adéquation des

exceptions aux nouveaux usages et de la

question d’un droit à l’exception pour l’usa-

ger.

In fine

, ce colloque a permis d’explo-

rer l’idée d’une mission large de régulation

des exceptions, avec un régulateur doté

de véritables outils, qui a été défendue à

l’international :

au Royaume-Uni, le rapport Hargreaves

(1)

a proposé de conférer à l’Intellectual

Property Office (IPO), autorité publique

rattachée au gouvernement ou au régula-

teur OFCOM (

Office of Communications),

un pouvoir d’avis destiné à clarifier l’ap-

plication des exceptions légales au droit

d’auteur, notamment afin de déter-

miner si un usage est couvert par une

(1) Rapport Hargreaves, Digital Opportunity – A Review

of Intellectual Property and Growth, mai 2011, com-

mandé par le Premier Ministre en novembre 2010.

les mesures techniques de protection ou

encore le recours à des contrats enca-

drant l’exercice des exceptions. Certains

contributeurs font ainsi état d’une inquié-

tude concernant les mesures techniques

de protection imposées par les ayants

droit et qui empêchent les utilisateurs de

bénéficier de l’exception de copie privée

en enregistrant des programmes à travers

leur décodeur de télévision numérique. De

telles limitations techniques peuvent ou non

coïncider avec des limitations contractuelles

qui pèsent sur l’utilisateur final. Le contrat

apparaît d’ailleurs, avec les mesures tech-

niques, comme une seconde source de

limitation des exceptions prévues par la loi

(soit que ce contrat déroge aux exceptions,

soit qu’il les limite dans leur mise en œuvre).

Il semble notamment que les contrats de

licence de logiciels restreignent le béné-

fice des exceptions autorisant les actes

nécessaires à l’utilisation d’une base de

données ou d’un logiciel conformément à

leur destination.

À la suite de la consultation, il a été décidé

d’organiser un colloque afin d’approfondir les

premiers enseignements de cette dernière à

travers le prisme d’une réflexion scientifique.

Le colloque : «L’effectivité

des exceptions au droit

d’auteur et aux droits

voisins : les usages, la loi,

la régulation»

Le colloque qui s’est tenu à la Maison de la

chimie le 19 avril 2013 a réuni des interve-

nants français et étrangers reconnus dans

le domaine de la propriété intellectuelle,

essentiellement issus du monde universi-

taire : le professeur Antoine Latreille,

le professeur Jérôme Passa, le profes-

seur Valérie-Laure Benabou, le pro-

fesseur Célia Zolynski, le professeur

Joëlle Farchy, Benoît Galopin, Victor

Nabhan, Christophe Geiger, le pro-

fesseur Michel Vivant, le professeur Ian

Hargreaves, Winston Maxwell et le

professeur Pierre-Yves Gautier. Les actes

au monde physique. Ainsi, alors qu’une

personne peut lire des passages de son

livre préféré à des amis, il n’est pas possible

de faire écouter un disque ou de reproduire

un passage de ce livre pour ses amis sur un

espace en ligne.

Par ailleurs, des besoins précis d’adaptation

ont été mis en avant, notamment concer-

nant l’exception pédagogique et l’exception

en faveur des personnes handicapées. Les

bénéficiaires de l’exception en faveur des

handicapés ont notamment insisté sur les dif-

ficultés rencontrées dans la mise en œuvre de

l’exception, certains demandant la modifica-

tion du standard des fichiers fournis aux fins

de production de fichiers adaptés à destina-

tion des personnes handicapées. L’exception

pédagogique a quant à elle fait l’objet de

nombreuses critiques, en particulier concer-

nant les accords auxquels elle a donné lieu,

des contributeurs ayant notamment déploré la

non-application de l’exception pédagogique

aux partitions de musique ou aux éditions

numériques de l’écrit.

Les contributeurs soulignent également la

complexité et l’ambiguïté de nombreuses

exceptions et de leur régime. Ainsi, le test

en trois étapes, prévu par les conventions

internationales, la directive de 2001 et le

Code de la propriété intellectuelle, pour faire

la balance entre les intérêts des ayants droit

et des utilisateurs, et dont beaucoup sou-

lignent la nécessité, est considéré comme

difficile à interpréter. L’analyse de l’ensemble

des contributions révèle surtout un besoin

d’éclairage et d’anticipation des acteurs du

marché sur les conditions d’exercice des

exceptions.

De plus, de nombreux contributeurs insistent

sur le fait que certains usages, désormais

courants et qui leur apparaissent légitimes,

doivent être théoriquement autorisés par le

titulaire de droits et ne relèvent pas d’excep-

tion. L’élargissement aux œuvres d’assem-

blage (

mash-up

) de l’exception de citation et

l’intégration des nouvelles pratiques informa-

tives (blogs, panoramas de presse, etc.) dans

l’exception de revue de presse ont notam-

ment été évoqués.

Enfin, plusieurs entraves à l’effectivité des

exceptions sont dénoncées, telles que