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HADOPI > Rapport d’activité 2012-2013
tissage »). S’ils distinguent relativement bien
les sites d’accès licites des sites illicites, les
15-24 ans, restent pragmatiques : c’est la
gratuité de l’accès aux œuvres qui prime sur
tout autre critère de choix au sein de l’offre.
Les groupes permettent néanmoins de
voir se dessiner une toute nouvelle géné-
ration (15-18 ans) plus respectueuse et
prudente. L’analyse fait en effet apparaître
des différences de perceptions selon la
tranche d’âge
: les 19-21 ans et une partie
des 22-24 ans ont des attitudes décom-
plexées à l’égard de leurs pratiques illicites
et se montrent peu respectueux des droits
d’auteur. Les 15-18 ans en revanche, se
montrent globalement plus concernés par
ces droits, avec un regard plus responsable
concernant leurs pratiques illicites. On peut
y voir l’émergence d’une génération qui
s’est initiée à Internet dans un contexte de
plus forte valorisation du droit d’auteur et
de la création, contrairement à ses proches
aînés, qui ont eu l’occasion de connaître
des pratiques peu encadrées.
Enfin, tous les modes d’accès ne sont pas
équivalents pour eux en termes de « gra-
vité » perçue vis-à-vis de la loi. Il y a une
gradation dans la « gravité » perçue des
pratiques illicites. Le seul visionnage en
ligne (streaming) s’avère peu impliquant
et souvent considéré « a priori » comme
licite. Le téléchargement se situe un cran
au-dessus en termes de « gravité », dans
la mesure où il nécessite d’enregistrer
l’œuvre sur son ordinateur et implique
donc davantage l’utilisateur. Enfin, la mise
en ligne d’œuvres dans un but de partage
est jugée bien plus « sérieuse » d’un point
de vue légal.
Le baromètre « Hadopi, biens culturels et
usages d’Internet : pratiques et percep-
tions des internautes français » a également
permis de mettre en valeur des typologies
parmi les internautes selon leurs pratiques
en matière de biens culturels dématérialisés.
Cinq profils de populations d’internautes
peuvent ainsi être identifiés parmi l’ensemble
des sondés, au regard de leurs pratiques :
présence sur les réseaux illicites grand
public. L’observation réalisée sur un petit
nombre de films permettra de structurer un
modèle dont la fiabilité pourra être vérifiée
sur d’autre biens.
Enfin, c’est dans le cadre de ce poste de
développement qu’a été conclu un parte-
nariat de recherche avec le GIP RENATER
pour engager la conduite de travaux de
recherche de compréhension des usages
sur Internet et de sécurisation des réseaux.
Typologie des utilisateurs
L’enjeu est de comprendre au mieux les
internautes consommateurs à l’issue de
cette chaîne de diffusion.
Dans ce cadre, la Haute Autorité a mené
une étude spécifique sur la population née
avec Internet, les « Digital Natives »
(41)
, afin
notamment de mieux comprendre ses
usages et attitudes à l’égard des biens
culturels dématérialisés et son rapport au
droit d’auteur. En effet, la vague d’octobre
2012 du baromètre usages « Hadopi, biens
culturels et usages d’Internet : pratiques
et perceptions des internautes français »,
montrait que les internautes consomma-
teurs de biens culturels de 15-24 ans décla-
raient les plus forts taux d’usages illicites.
Pour permettre à la fois une prise de parole
individuelle, tout en bénéficiant d’une dyna-
mique de groupe, six « mini-groupes » de
quatre à cinq participants (deux groupes
par tranche d’âge pour renforcer la solidité
des résultats) ont été tenus.
Les réunions de groupe ont fait émerger la
primauté donnée à la praticité d’usage et à
la gratuité dans les modes de consommation
des jeunes internautes. Se déclarant souvent
« accros » de biens culturels (musique, films
et séries notamment au sein de notre échan-
tillon), les « Digital Natives » valorisent la faci-
lité d’usage de la consommation en ligne
(un accès partout et à tout moment), pour
des offres et services qui relèvent davantage
pour eux « du divertissement » que véritable-
ment « du culturel » (synonyme « d’appren-
(41) Selon l’expression de Prensky, 2001.
avant leur mise en ligne sur Internet – avant
même leur sortie en salle, pour des opé-
rations de promotion ou des recomman-
dations de journalistes spécialisés par
exemple. Dans cette optique, la question
se pose de savoir s’ils ne bénéficient pas
d’un avantage dans le référencement du
fait de l’antériorité de leur mention d’un titre
donné. Le cas échéant, les sites proposant
ces œuvres à terme pourraient avoir un rôle
à jouer dans une stratégie de développe-
ment de visibilité engagée par les acteurs
concernés. Plus généralement, le position-
nement fort des sites proposant des conte-
nus éditoriaux pourrait justifier la mise en
œuvre de démarches partenariales entre
les sites proposant un accès aux œuvres
et ceux qui les commentent. Par ailleurs, le
choix des mots clés semble essentiel. Les
offres apparemment licites et labellisées se
positionnent significativement sur le mot clé
«
VOD
»
qui n’est pourtant pas très utilisé
par les internautes dans leur recherche. En
revanche, le terme «
streaming
»
figure vrai-
semblablement souvent dans les requêtes
des internautes et assure une bonne visibi-
lité aux sites qui le font figurer. Plus géné-
ralement la fréquence d’utilisation de ces
mots clés pourrait jouer dans les position-
nements éditoriaux ou publicitaires des
offres. Des travaux complémentaires ont
d’ores et déjà été engagés pour compléter
ces premiers résultats, selon un protocole
similaire. Ils se concentrent cette fois sur les
contenus musicaux.
Par ailleurs, une étude sur les stratégies
d’accès a été menée. Son objectif est
d’identifier la façon dont les utilisateurs
accèdent aux contenus culturels en ligne,
notamment de façon illicite. Une première
phase qualitative a permis d’identifier et
de mieux comprendre les pratiques. Une
phase quantitative permettra d’évaluer le
poids de ces pratiques au sein d’un échan-
tillon large et représentatif des consomma-
teurs de biens culturels dématérialisés.
Pour compléter les travaux de recherche
sur ce poste, un projet a été lancé pour
modéliser la diffusion illicite des œuvres
sur Internet, de leur primo diffusion à leur